A partir de la fin du 19ème et au début du 20ème siècle apparaît, avec l’essor de la pensée scientifique, une génération de chercheurs dont le travail permet la fusion de la médecine aromatique ancienne, intuitive mais très approximative, et de la rigueur analytique moderne. Cela ouvre la voie à une forme de “Médecine naturelle par les Huiles Essentielles”. Le pouvoir antiseptique de certains extraits d’espèces aromatiques définies, auquel s’attachent d’abord les pionniers de la recherche, est connu depuis longtemps mais l’ignorance demeure sur l’origine de ces propriétés. Doit-on la chercher dans la plante entière ou dans l’essence, dans l’Huile Essentielle extraite ou dans certaines molécules de celle-ci ? La confusion règne dans la pharmacopée du 19ème siècle ; les chercheurs de cette époque se mettent donc à étudier les plantes aromatiques et les Huiles Essentielles puis en isolent les principaux composants.
• 1881 : le médecin allemand Robert Koch (le découvreur du bacille de Koch responsable de la tuberculose) étudie l’action bactéricide de la térébenthine (essence de résine de pin) sur les spores du charbon.
• 1883 : P. Miquel démontre le pouvoir bactéricide du thymol sur le bouillon de bœuf.
• 1887 : publication des travaux de M. Chamberland sur le pouvoir antiseptique des Huiles Essentielles d’origan, de cannelle et de girofle sur le bacille de l’anthrax (l’imprécision est patente quant aux définitions botaniques).
• 1891 : C. Cadéac et A. Meunier présentent un cas d’intoxication par l’essence d’hysope et soulignent son action épileptogène.
• 1893 : G. Bertrand découvre le pouvoir antiseptique du niaouli, que l’on appelle alors Melaleuca viridiflora (il s’agit en fait du Melaleuca qinquenervia à spécificité biochimique viridiflorol), une myrtacée qui devient célèbre car on en extrait le « goménol » (du nom de la localité de Nouvelle-Calédonie où il est produit, Gomen), qui est de l’Huile Essentielle partiellement déterpénée ; ce Goménol donne la fameuse « huile goménolée » dont le Dr Dubousquet-Laborderie puis le Dr Gueguen étudient les propriétés antiseptiques, notamment au niveau de la sphère ORL. Parallèlement, le dermatologue F. H. Hallopeau rapporte l’effet bénéfique du wintergreen (Gaultheria procumbens) dans le traitement de la pelade.
• 1899 : les Allemands E. Gildemeister et F. Hoffmann publient un excellent ouvrage, « Les Huiles Essentielles » (paru en français en 1900), donnant les composants aromatiques de plus de 400 plantes et l’origine de leurs essences distillées par leurs soins.
• 1910 : W-H. Martindale prend comme référence le coefficient phénol à partir d’un seul germe : Escherichia coli, et arrive à la conclusion que l’Huile Essentielle d’« origan » (lequel n’est pas précisé, mais la logique veut que ce soit ou l’Origanum vulgare, ou l’Origanum compactum, ou le Coridothymus capitatus appelé communément origan d’Espagne, tous trois contenant un fort taux de carvacrol) est 25,76 fois plus active que le phénol. Toujours en 1910, le Dr E. Forgue rapporte ses premiers résultats obtenus avec des Huiles Essentielles en pathologie externe et interne. Ce médecin fait partie de l’équipe de René-Maurice Gattefossé, chimiste célèbre dans l’histoire de la médecine aromatique car c’est lui qui crée, dans les années 30, le terme « Aromathérapie ». Gravement brûlé au bras durant une expérience et la gangrène menaçant, il se soigne en dernier recours à l’essence de lavande et guérit sans séquelles. Cela conduit à l’utilisation des Huiles Essentielles dans le traitement des plaies durant la première guerre mondiale. On doit notamment à Forgue des travaux sur la diphtérie et sur l’intégration des Huiles Essentielles dans la pharmacopée.
• 1918 : des travaux (non nominatifs) déterminent la « dose infertilisante » de certaines Huiles Essentielles sur un bouillon ensemencé à partir d’une fosse septique, notion qui préfigure les CMI (Concentration Minimale Inhibitrice) actuelles ; ils permettent de constater que l’Huile Essentielle de thym est la plus bactéricide. En fait, il doit là encore s’agir du Coridothymus capitatus cité plus haut ou d’un Thymus vulgaris à spécificité biochimique carvacrol, car ce phénol est plus puissant que le thymol que l’on trouve dans la majorité des essences de thym courantes.
• 1919 : F. Bonnaure estime que c’est à celles de lavande et de romarin que revient cette première place, ce qui n’est guère justifiable, mais ces divergences s’expliquent par l’approximation dont font encore preuve les auteurs quant à la définition du matériel aromatique.
• 1922 : les Italiens G. Gatti et R. Coyola vantent le pouvoir antiseptique des Huiles Essentielles de girofle, cannelle, thym, santal, sassafras et wintergreen sur Streptococcus pyogenes et Staphylococcus aureus, entre autres, mettant en avant leur action antifongique.
• 1920 à 1937 : les travaux de P. Courmont, P. Morel et I. Bay mettent en évidence certaines propriétés des Huiles Essentielles de thym, citron, genièvre, orange, bergamote, eucalyptus, pin, myrte et myrrhe. Durant la même période, les travaux de A. R. Penfold et R. Grant (1922-26) se portent sur le rôle des phénols naturels (thymol et eugénol), des aldéhydes (citral) et des alcools (géraniol et menthol). Ils démontrent que l’action antimicrobienne de l’essence de Melaleuca alternifolia est 11 fois plus puissante que le phénol.
• 1937, 1938 : Gattefossé publie ses ouvrages : « Aromathérapie, les Huiles Essentielles, hormones végétales » et « Antiseptiques essentiels ».
• 1948 : Ernest Guenther publie aux Etats-Unis sa première édition de « The Essentials Oils », une référence.
• 1949 : S.-M. Bose découvre la corrélation entre la composition chimique et l’action antibactérienne des Huiles Essentielles, mettant en évidence les propriétés des alcools et des aldéhydes en ce domaine.
• 1950 : M.-P. Schroeder et A.-M. Messing mettent au point la technique du futur aromatogramme (terme qui date de 1969).
• 1954 – 1956 : W. Kellner et Kobert recensent 175 Huiles Essentielles dont ils étudient le pouvoir antibactérien et antifongique ; ils innovent dans la technique des groupements moléculaires actifs des composants d’une Huile Essentielle.
• 1964 : le Français Jean Valnet, médecin militaire qui a soigné des blessés de guerre en Indochine à l’aide d’Huiles Essentielles, compile certaines propriétés et indications dans un ouvrage simple et grand public intitulé « Aromathérapie ». Ce livre fait découvrir les Huiles Essentielles au public mais n’y sont mentionnés que les noms vernaculaires (eucalyptus, thym, lavande…) sans précision ni des espèces (genre, épithète et variété) qui se distinguent par de grandes différences dans la composition de leur essence, ni des spécificités biochimiques.
• 1971 – 1973 : A. Hérisset et J. Jolivet définissent le matériel aromatique expérimenté et établissent la différenciation entre quelques Huiles Essentielles de thym par l’examen de leur spectre ultra-violet, infrarouge et Raman. Cette étape est importante car il n’est désormais guère probant de pratiquer une expérimentation sans une définition précise du matériel aromatique. Dans ce cadre se situent les travaux du Professeur J. Pellecuer ainsi que ceux de J. Passet, R. Granger, J. Allegrini et de M. Siméon de Buochberg sur les « races chimiques » de Thymus vulgaris et sur l’Huile Essentielle de Satureja montana, travaux qui démontrent non seulement les variations moléculaires de l’essence selon les biotopes, génotypes et cycle végétatif de la plante, mais aussi que l’action bactéricide de ces essences varie en fonction de ces divers facteurs.
• 1976 : avec la multiplication des aromatogrammes, les premiers travaux cliniques sont exécutés selon une méthode proposant une approche plus rationnelle de l’Aromathérapie anti-infectieuse. On note à cette occasion que l’action bactéricide des Huiles Essentielles phénolées est encore plus efficace sur les germes antibio-résistants que sur les germes originels.
Parution d’une encyclopédie, « The Essential Oils », publiée par le Dr Brian M. Lawrence.
• 1977 : L’Anglais R. Tisserand publie « L’Art de l’Aromathérapie » en 1977
• 1980 : Etape importante pour l’Aromathérapie : Philippe Mailhebiau, qui commença ses distillations en 1978, unit au début des années 80 les éléments scientifiques indispensables à l’usage des Huiles Essentielles à une approche holistique inédite. Il est l’initiateur de la codification HEBBD (Huile Essentielle Botaniquement et Biochimiquement Définie) puis EOBBD (Essential Oil Botanically & Biochemically Defined), recommandant la précision systématique des Spécificités Biochimiques avec indication du taux des composants indispensables à un emploi spécifique de telle ou telle Huile Essentielle.
En 30 ans, il teste olfactivement plus de 70.000 Huiles Essentielles et en analyse, avec son équipe de pharmaciens et biochimistes, 25.000 par GC/MS (Gas Chromatography / Mass Spectrometry), ce qui a permis l’établissement d’une base de données de près de 2000 profils chromatographiques de référence à l’aide desquels sont comparées les compositions biochimiques des Huiles Essentielles proposées sur le marché. Le processus mis en place a obtenu une certification ISO en 2000 pour son Quality Management Control.
• 1992 : son ouvrage La Nouvelle Aromathérapie marque le démarrage de l’objectivation de l’action physicochimique des molécules aromatiques liée à l’exploitation de l’influence psychosensorielle (relative aux fonctions psychiques liées aux perceptions sensorielles) du totum aromatique*, ceci grâce à la « Caractérologie des Huiles Essentielles », concept-clé, dont Philippe Mailhebiau est l’initiateur depuis les années 80.
• 1996 : Plus tard, Dominique Baudoux, pharmacien, exploite le concept de « chémotype » mis en évidence par l’équipe du professeur Pellecuer et publie L’Aromathérapie, se soigner par les huiles essentielles.
• de 2002 à 2015 : le Dr Jean-Pierre Willem, fondateur de Médecins aux Pieds Nus, écrit plusieurs ouvrages
• 2010 : Elske Miles signe « Les Huiles essentielles pour les Nuls ».
Le Totum aromatique est l’ensemble des molécules aromatiques d’une Huile Essentielle ; son impact au niveau psychosensoriel est plus fort que celui des seules molécules olfactivement perçues. Son action physico-chimique dépasse les propriétés de chaque molécule (carvacrol anti-infectieux, citronnellal anti-inflammatoire, 1.8-cinéole expectorant…).
• Dès 2025, ceux qui veulent apprendre l’Aromathérapie, approfondir leurs connaissances et employer les Huiles Essentielles de manière efficace et économique, peuvent profiter de cours en ligne, les AromaPrime, animés par Philippe Mailhebiau sur aromanet.com